Le côté obscur du symbolisme de la dame : Traditions Cultes Symboles Mythologies

Chaque symbole a une symbologie céleste et une symbologie obscure liée aux forces négatives. Dans le cas du symbole de la Dame, ce symbolisme obscur est lié au symbolisme de la Grande Mère dans ses aspects ctoniques et uroboriques. La figure de la Mère primordiale représente l'énergie de la nature dans son aspect violent et cruel, comme celle des événements atmosphériques, des volcans, des bêtes féroces, etc., mais aussi la force vitale de la forêt qui s'étend en submergeant tout. Cette vitalité de la nature, qui se développe de manière forte et violente, n'est pas atténuée par les aspects paternels et rationnels associés à la figure du père. La féminité représentée par la mère primordiale est dominée par les passions les plus sauvages et un instinct non contrôlé par la raison et ses actions ne sont pas guidées par la rationalité. En tant que telle, ses actions peuvent être guidées par la cruauté la plus débridée comme par la générosité la plus extrême.

La Nature trompeuse qui saisit l'homme par ses multiples formes

Dans le Perceval de Chrétien de Troyes, on retrouve ces aspects sombres chez la mère du jeune homme qui, non par hasard, se réfugie dans la Forêt sans faille, s'excluant de toute société civile. La mère de Perceval en vient à représenter la Nature trompeuse qui saisit l'homme par ses multiples formes, ne lui laissant pas percevoir l'Unité sous-jacente qui le guiderait vers l'élévation spirituelle : c'est un autre aspect de la Mère primordiale. La volonté de la mère de maintenir le jeune homme dans l'ignorance du monde met bien en évidence cet aspect. D'autre part, la Nature elle-même peut devenir un instrument de transmutation si l'on est capable de percevoir dans la multiplicité l'Unité sous-jacente qui anime tout. De ce point de vue, cependant, l'autre pôle féminin de l'histoire, Biancofiore, représente le féminin évolué atténué par la composante paternelle, masculine et rationnelle. Les deux Dames mettent en évidence l'évolution de Perceval du domaine des instincts et de l'état sauvage, au domaine de la rationalité et de l'état culturel. En examinant en détail l'épisode de Biancofiore, nous constatons qu'à l'arrivée du jeune chevalier, la femme est désespérée, dépourvue de rationalité, à tel point que, ayant perdu le contrôle, elle court à moitié nue dans la chambre du jeune homme pour l'implorer à l'aide. Au contraire, Perceval, qui a reçu son initiation à la chevalerie, est calme et lui offre sa protection tout en gardant la tête froide. La Dame retrouve sa sérénité en présence de l'élément masculin qui la complète, complétant à son tour le chevalier : ce sont les deux opposés complémentaires qui retrouvent l'unité.

Le féminin représente l'inconscient

D'un point de vue psychologique, le féminin représente l'inconscient, tandis que le masculin représente l'ego conscient, la composante rationnelle, mais cette différence doit également être considérée en termes symboliques. L'inconscient représente la conscience endormie prisonnière des instincts et des pulsions, tandis que l'aspect conscient, de présence au Soi, représente l'âme éveillée qui a repris la domination de l'Ego et qui est réunie à l'Ego et projetée vers l'éternel. La Dame est également un symbole de la Sagesse et, en tant que telle, elle ne peut posséder un symbolisme négatif, car la Sagesse est une connaissance de type supérieur émanant du divin. Si, par contre, nous considérons la Sagesse comme une simple connaissance, nous comprenons ce que peut être le symbolisme obscur lié à cet aspect : une connaissance purement rationnelle et matérielle qui se passe d'intuition métaphysique.

Elle signifie élever l'homme matériel à la mesure de l'Univers

Lorsque la connaissance est dirigée vers la matière, elle s'épaissit en grumeaux et tombe dans l'abîme de l'abomination. Elle devient l'orgueil et l'arrogance, la soif de pouvoir, la prétention à la connaissance et la négation de Dieu, elle signifie élever l'homme matériel à la mesure de l'Univers. On ne connaît que ce que l'on perçoit avec les sens matériels, en niant l'existence de toute autre chose. Elle devient un désir de toute-puissance lorsqu'elle est liée à la manipulation de la matière : c'est l'alchimie matérielle des charbonniers qui ne cherchent qu'à transmuter le plomb en or pour s'enrichir et non à transmuter leur âme de brute en un être céleste. La connaissance rationnelle prétend tirer des conclusions par le raisonnement, niant l'existence d'une connaissance directe et immédiate. Si nous voulons donner un exemple, c'est comme nier l'existence, dans la géométrie euclidienne, d'axiomes, c'est-à-dire de concepts primitifs qui ne peuvent pas remonter à d'autres et qui sont connus de manière directe et non médiate et qui n'ont pas de définition précise. L'intuition métaphysique est cette capacité de l'homme, en tant qu'être non seulement matériel, mais aussi spirituel, à connaître ce qui est au-delà du physique, c'est-à-dire à connaître les choses célestes. La sagesse, la Sophia, n'est rien d'autre que la connaissance obtenue par l'intuition métaphysique, une connaissance liée aux sphères célestes qui permet de lire au-delà du voile des choses et de comprendre leur véritable signification.